Mobilisation massive à Bukavu pour les travaux communautaires : un « salongo » sans précédent sous l’impulsion de l’AFC/M23
SUD-KIVU, BUKAVU : Ce jeudi 20 février 2025, la ville a connu une mobilisation citoyenne d’une ampleur inédite pour des travaux communautaires, communément appelés « salongo ». À l’appel du mouvement politico-militaire AFC/M23, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont investi les rues dès l’aube, armés de bêches, de pioches et de balais.
Un élan collectif sans précédent
Dès 9 heures, nos reporters ont constaté une transformation radicale de la ville. Les caniveaux étaient dégagés, les rues impeccables, la place de l’Indépendance étincelante, la rivière Kawa libérée de ses détritus et les immondices brûlées. Même les routes asphaltées ont été méticuleusement nettoyées. « C’est du jamais vu à Bukavu », a déclaré Chashi BISIMWA un témoin et habitant de Bukavu impressionné par l’ampleur de la mobilisation.

Contrainte ou adhésion ?
Interrogés, de nombreux participants ont évoqué la fermeté des nouvelles autorités, qui ont insisté sur l’importance de cette journée de travail communautaire, allant jusqu’à menacer de sanctions sévères, y compris des châtiments corporels, pour les récalcitrants. « Nous n’avions pas vraiment le choix », a confié un travailleur, « mais nous sommes aussi fatigués de rester à la maison. Le travail n’a pas encore repris son cours normal, alors autant se rendre utile ».
D’autres, cependant, ont exprimé une certaine adhésion à l’initiative, soulignant l’importance de l’hygiène et de la propreté pour la ville.
Un contraste saisissant
Cette mobilisation contraste fortement avec la faible participation observée lors des précédentes journées de « salongo » organisées par les anciennes autorités, qui avaient pourtant décrété le samedi comme jour dédié à ces travaux. Cette différence soulève des questions sur l’efficacité des méthodes employées et sur la nature de l’engagement citoyen.

Questions et réflexions
Cette mobilisation massive interroge : est-ce la preuve d’une efficacité nouvelle ou le résultat d’une contrainte ? La démocratie a-t-elle échoué à mobiliser les citoyens de manière aussi efficace ? Quoi qu’il en soit, cette journée de « salongo » restera gravée dans les mémoires des Bukaviens, comme un symbole de la capacité de mobilisation, qu’elle soit contrainte ou volontaire.
Alors que Bukavu se remet de cette journée de travail communautaire sans précédent, les questions persistent quant à l’avenir de la participation citoyenne et à l’impact des nouvelles méthodes employées par l’AFC/M23. Seul l’avenir nous dira si cet élan se maintiendra et si la propreté retrouvée de la ville perdurera.
Ghislain WATONGOKA